Accès à la culture : une responsabilité citoyenne
Une muséologue renforce la nécessité des espaces culturels d’offrir l’accessibilité aux personnes handicapées.
De la rédaction
14/01/2015 à 18:38, Mercredi | Mis à jour le 22/09 à 16:08
La Convention relative aux droits des personnes handicapées, approuvée à l’unanimité par l’Organisation des Nations Unies en 2007, a réaffirmé le droit des personnes handicapées à participer de la vie culturelle de la communauté, signalant les mesures pour que cette population puisse accéder aux activités et services culturels, éducatifs et de loisir.
Cependant, ce droit est loin d’être pleinement respecté. Les espaces tels que musées, parcs, cinémas et théâtres, dans le monde entier, ne repond pas encore à la demande de l’accessibilité. C’est ce que signale Amanda Fonseca Tojal, muséologue brésilienne et conseillère en Accessibilité, dans une interview durant l’émission Sociedade Solidária*, de la Boa Vontade TV.
Pour elle, les personnes handicapées représentent un grand public qui finit par être souvent ignoré : « Elles ont beaucoup à enseigner aux autres, car généralement, une personne atteinte d’un type d’handicap développe d’autres potentiels, très importants pour orienter aussi les autres ».
Cependant, depuis des dizaines d’années, ces personnes sont à l’avant-garde de la lutte pour l’accessibilité et affrontent encore beaucoup de problèmes, car l’évolution humaine est lente. « Les difficultés commencent dès l’entrée. Les personnes en fauteuil roulant, par exemple, disent être obligées d’entrer par les porte du fond. La communication est un autre problème. Il y a de belles expositions, mais un aveugle n’a aucun contact avec ces œuvres, car il doit les toucher pour pouvoir les comprendre, mais il ne lui est même pas permis de manipuler des répliques. Être à côté de ces gens et leur expliquer ce qui se passe n’est pas suffisant », dit-elle.
La spécialiste explique que l’accès à la culture va bien au-delà de l’accessibilité aux espaces. Il faut aussi comprendre que les gens ont des différences et des nécessités distinctes. C’est pourquoi, ces institutions doivent former leur personnel pour s’occuper de ce public.
« Les musées, ou tout autre espace culturel, doivent recevoir ces gens avec dignité, avec respect, en leur donnant toutes les conditions pour qu’elles puissent en profiter. […] Il faut impliquer le personnel de cette institution, éducateurs, agents d'accueil et de surveillance, dans les expositions, pour qu’ils sachent comment traiter un aveugle, une personne en fauteuil roulant ou celle ayant un handicap auditif », réitère-t-elle.
Malgré ces difficultés, Amanda Tojal voit un bel horizon pour l’accès de ces personnes aux espaces culturels et éducatifs. « Les musées n’étaient pas préparés pour recevoir ce public, mais ils se sont aperçus que c’est important. Le public a enseigné au musée à être plus humain. »
« Les personnes handicapées ont fini par humaniser ces espaces. Car si l’on pense à une rampe, par exemple, elle va être utile non seulement aux personnes en fauteuil roulant, mais aussi à une mère et son bébé dans la poussette, à une personne âgée qui marche plus lentement, ou à une personne ayant le pied cassé. De cette façon, à partir du moment où l’on pense aux autres, l’espace commence à s’humaniser », complète-t-elle.
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*Le programme Sociedade Solidária [Société Solidaire] est transmis par la chaîne Boa Vontade TV (canal 20 du bouquet de télévision SKY) du lundi au vendredi, à 3h30, 18h30 et 22h30, et les dimanches, à 7h30 et 22h (horaire brésilien). Vous pouvez y assister en ligne sur le Portail Bonne Volonté : www.boavontade.com/tv.