Déclaration de la LBV à la 58e session de la Commission de la condition de la femme
De la rédaction
07/03/2014 à 12:27, Vendredi | Mis à jour le 22/09 à 16:57
Ce rapport présente à la Commission de la condition de la femme (CSW), des Nations Unies, les recommandations et les bonnes pratiques de la Légion de la Bonne Volonté (LBV), organisation de la société civile brésilienne ayant un statut consultatif général auprès du Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC) depuis 1999. La LBV soutient que la priorité à l’éducation et à la rééducation devient la stratégie la plus efficace pour prévenir et combattre toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles. Les exemples de réussite partagés dans ce document ont donc pour but de contribuer au plan d’action qui sera adopté pour l’après-2015, débattu lors de cette 58e session de la CSW.
La Légion de la Bonne Volonté a été officiellement fondée le 1er janvier 1950 (Journée de la Fraternisation Universelle) dans la ville de Rio de Janeiro, au Brésil, par le journaliste, homme de radio et poète Alziro Zarur (1914-1979). Lui a succédé, à la présidence de l’Institution, José de Paiva Netto, également journaliste, homme de radio et écrivain. La LBV maintient 87 unités de services sociaux et éducatifs au Brésil et dans six autres pays, avec des bases autonomes (Argentine, Bolivie, États-Unis, Paraguay, Portugal et Uruguay).
En 2013, la LBV a offert plus de 11 millions de services et d’accueils à la population en situation de vulnérabilité ou de risque social (dont 73 % concernaient des femmes) favorisant ainsi 221 872 personnes. Outre ses écoles, Centres Communautaires d’Assistance Sociale et foyers les pour personnes âgées, la LBV possède un vaste réseau de communication sociale (radio, télévision, Internet et publications) qui se consacre à la promotion de l’éducation, de la culture et de la citoyenneté.
Violence à l’égard des femmes
Le premier défi mondial sur lequel la LBV veut attirer l’attention dans ce rapport est la réduction du nombre de femmes qui meurent en raison de la violence extrême du genre, appelée féminicide. La loi Maria da Penha a entrainé des progrès significatifs pour la protection juridique des femmes au Brésil. Aujourd’hui, outre le renforcement des mécanismes d’application de la loi, on discute la recherche de stratégies complémentaires. Dans ce contexte, la LBV souligne deux aspects qui influent sur les cas de conflit entre le sexes : les faibles niveaux d’éducation de nombreuses victimes et, surtout, « l’acceptation culturelle » de la violence à l’égard des femmes. Le féminicide est l’aspect le plus cruel d’un problème qui est effrayant en soi, car il transforme silencieusement les femmes et les enfants en victimes.
Dans un article de grande répercussion, intitulé « Violence patrimoniale », le journaliste Paiva Netto a alerté sur cette forme de violence, quand une femme qui veut travailler en est empêchée par son partenaire qui peut aller jusqu’à détruire ses documents personnels et ses outils de travail, les biens du couple, et même expulser la femme et les enfants de la maison, brisant ainsi le désir de celle-ci de travailler. Des cas de ce type sont courants dans les tribunaux brésiliens. Face à ce contexte, l’article concluait : « Il est du devoir de chacun d’entre nous et des pouvoirs publics de transformer en réalité le secours aux victimes de la violence dans ses différentes dimensions. Plus que cela, il faut arriver avant, et ne pas permettre que cette violence se produise ». Et « arriver avant » signifie, pour la LBV, sensibiliser à ce problème par l’éducation, dans les lieux publics, afin de produire une transformation culturelle indispensable dans les relations entre les sexes.
Féminisation de la pauvreté
Dans un pannel préparatoire de la CSW 58, le scénario mondial est source de vives préoccupations : les crises économiques, environnementales et alimentaires, ajoutées à l’accroissement des inégalités sociales, se renforcent mutuellement et mettent en échec les progrès importants (mais encore limités) qui existent dans le domaine de l’égalité des sexes. La pauvreté, le chômage, l’absence d’accès à l’assainissement de base, à l’éducation, à la santé et à l’alimentation atteignent d’abord et de manière plus intense les femmes.
En conséquence, les autres indicateurs sociaux se sont aussi aggravés, puisque les femmes sont généralement au sein de la famille responsables des enfants, des personnes âgées, des malades ou des handicapés. Dans le livre Em Pauta, l’écrivain Paiva Netto a souligné le rôle fondamental de la femme, en affirmant qu’il « est si important que, même avec toutes les obstructions de la culture machiste, aucune organisation qui veuille survivre — qu’elle soit religieuse, politique, philosophique, scientifique, entrepreneuriale ou familiale — ne peut se passer de son soutien. Or, la femme, caressée par le Souffle Divin, est l’Âme de tout, c’est l’Âme de l’Humanité, c’est la bonne racine, la base des civilisations. Pauvres de nous, les hommes, s’il n’y avait pas ces femmes éclairées, inspirées, illuminées ! »
L’un des aspects qui fait la différence de l’expérience de la LBV réside dans sa vision holistique, intégrale, de l’être humain et de son Esprit Éternel. C’est pourquoi l’Institution propose l’articulation de différentes stratégies pour surmonter la violence et les inégalités autour d’un axe : l’éducation tout au long de la vie.
La LBV développe des programmes d’aide sociale accueillant les enfants (dès la grossesse), les jeunes et les adultes, axés sur les besoins spécifiques des participants. Elle produit également des contenus, ainsi que des campagnes éducatives et de mobilisation sociale, diffusés par les moyens de communication de masse.
Il y a beaucoup de défis dans les pays en développement, notamment en Amérique latine, pour universaliser l’accès à l’école maternelle et augmenter la durée de la journée scolaire des enfants et des adolescents. Cette précarité empêche de nombreuses mères d’avoir un emploi formel et, ainsi, elles voient le revenu familial se réduire de façon drastique et perdent leur autonomie vis-à-vis de leur partenaire ou des autres membres de la famille.
Dans ce cadre, au Brésil, les programmes Enfant et Jeune : le Futur au présent ! proposent des ateliers socio-éducatifs aux enfants et aux adolescents durant quatre heures et assurent un soutien social aux familles. Des thèmes tels que la citoyenneté, l’égalité des sexes et la participation sociale des enfants et des jeunes sont abordés avec les enfants, ainsi qu’avec les parents ou tuteurs. Les professionnels de la LBV sont aussi préparés pour détecter les cas de violence familiale et les abus sexuels et pour contribuer à leur résolution.
Dans les programmes Jeune : le Futur au présent !, Vivre la Solidarité et Une Vie pleine, ces thèmes sont abordés par la LBV de manière plus ample avec les adolescentes, les femmes adultes et les plus âgées. Annuellement, cette initiative sensibilise des milliers de personnes sur les mécanismes qui garantissent leurs droits et les aident à créer et à renforcer les liens sociaux et communautaires fondamentaux qui permettent aux femmes de s’émanciper et d’échapper à des situations dégradantes. Le soutien de l’Institution peut être complété par le programme Formation et Inclusion Productive, qui prépare au marché du travail formel ou l’entrepreneuriat les personnes accueillies. Cette action valorise les activités génératrices de revenus en accord avec la réalité de la communauté assistée. La LBV de la Bolivie, par exemple, a encouragé les femmes à créer une coopérative de production de balais à partir de matériaux recyclés, réduisant ainsi la quantité de bouteilles PET jetées dans l’environnement et améliorant de manière significative le revenu familial.
Quand la femme exerce un leadership communautaire et agit à titre de porteparole auprès des pouvoirs publics sur les questions d’assainissement, de logement et d’infrastructure urbaine, elle peut bénéficier d’une formation et d’un espace d’échange d’expériences dans l’action du Réseau Société Solidaire, de la LBV. Dans ce mouvement, les responsables des secteurs public et privé, des universités et de la société civile agissent en réseau, ce qui permet de former des partenariats et d’appliquer des politiques publiques.
La santé des femmes
En matière de santé, les taux élevés de mortalité maternelle, en particulier en Asie du Sud-Est, en Afrique subsaharienne et dans certaines régions des pays en développement — ainsi que les taux élevés de VIH/sida en Afrique et dans les Caraïbes — placent la santé sexuelle et reproductive au centre des discussions sur l’amélioration de la qualité de vie de la population féminine à l’échelle mondiale. La LBV possède une vaste expérience pédagogique dans le domaine de la planification familiale et de la prévention des maladies sexuellement transmissibles. En plus du travail interdisciplinaire dans l’éducation de base, elle a inclus il y a 13 ans la matière « Actualité en débat » dans son programme scolaire. En proposant aux jeunes des activités de recherche et une réflexion critique sur des questions de comportement et leur impact sur la société, l’Institution les aide à établir des relations affectives équitables, plus mûres et sûres, dans une perspective d’égalité des sexes.
Une autre action permanente de la LBV dans ce domaine est le programme Citoyen-bébé, qui assure chaque année un suivi et un soutien social et psychologique à des centaines de femmes enceintes. Il leur offre des orientations pour vivre la maternité de façon saine et des conseils sur les soins nécessaires à l’enfant pendant ses trois premières années de vie, en donnant une attention particulière à la valorisation de la féminité des participantes.
Le programme s’adresse aux femmes enceintes et aux jeunes mamans confrontées à des difficultés financières, à des relations familiale et conjugale instables ou à un traumatisme psychologique. De telles situations, aggravées par un manque de planification de la grossesse et par des pressions sociales et familiales, en particulier de leurs partenaires, causent un grand conflit émotionnel chez ces femmes et peuvent entraîner des actes précipités, avec de séquelles physiques et psychologiques qui les accompagneront tout le reste de leur vie.
Pour garantir le droit de vivre pleinement l’expérience de la maternité, l’Institution recommande que des expériences comme celles du programme Citoyen-bébé, de soutien social et psychologique aux femmes enceintes (associé aux soins médicaux prénatals), soient reproduites et/ ou qu’elles puissent influencer la création de politiques publiques capables de répondre à un nombre croissant de femmes en situation de risque, en comptant, chaque fois que ce sera possible, avec l’appui de l’initiative privée et de la société civile.
La Légion de la Bonne Volonté reconnaît également les efforts entrepris au Brésil pour garantir le droit à la reconnaissance de paternité à tous les enfants brésiliens. Car, « l’État et la société doivent, ensemble, produire des solutions pour que les familles élèvent et éduquent leurs enfants dans la dignité », comme le défend, depuis les années 1980, le président de la LBV.
Une éducation avec des valeurs pérennes
Le modèle pédagogique de la LBV a été systématisé et multiplié dans autres établissements d’enseignement public et privé et a obtenu la reconnaissance académique. L’Institution se tient à disposition pour partager sa pédagogie et sa méthodologie de travail avec les organisations sociales et éducatives d’autres pays qui manifestent l’intérêt de les adapter à leur réalité locale.
Outre le programme scolaire des établissements d’enseignement traditionnels qui vise à ce que les étudiants acquièrent un certain nombre de connaissances et de compétences au cours de l’année scolaire, la LBV établit des objectifs annuels d’enseignement basés sur le développement des valeurs de la citoyenneté, notamment des stratégies et des mécanismes d’évaluation. Fondée sur ce principe, la discipline Culture OEcuménique développe trimestriellement, en profondeur, des thèmes sociaux et culturels correspondant à divers niveaux scolaires et dialoguant avec les autres disciplines.
L’un des thèmes travaillés par exemple a été la Charité – terme essentiellement considéré comme synonyme d’Amour Fraternel. Le 5 septembre 2013, le monde a célébré la première Journée Internationale de la Charité, une commémoration annuelle instituée par l’Organisation des Nations Unies. Cette reconnaissance représente une étape importante vers l’humanisation des politiques publiques, qui prennent en considération la dimension affective et spirituelle de l’être humain.
La LBV, qui a plus de 20 ans d’association avec le Département de l’Information de l’ONU et qui en 2014 célèbre les 15 ans de son statut consultatif général auprès du Conseil économique et social, exprime sa satisfaction de pouvoir contribuer à cette transformation. Depuis le début, elle a toujours cherché à présenter dans les débats des Nations Unies son point de vue sur des questions mondiales en s’inspirant des principes fondamentaux de la Solidarité, de l’Altruisme, de l’Amour Fraternel et de la Spiritualité OEcuménique. Elle considère que ces valeurs, entre autres, sont essentielles à l’édification d’une société plus juste dans laquelle serait bannie toute discrimination de sexes, ethnie, orientation sexuelle, religion, condition sociale etc.
Au sujet de la notion de Charité, le dirigeant de la LBV dans une déclaration écrite présentée à l’ONU en 2007, au Débat de haut niveau de l’ECOSOC, à Genève, a affirmé : « La Charité, dans sa plus profonde expression, devrait être un des principaux statuts de la politique, parce qu’elle ne se limite pas à l’acte simple et louable de donner du pain. C’est le sentiment qui — éclairant l’Âme des gouvernants, des parlementaires et des magistrats — conduira le peuple vers un régime dans lequel la Solidarité constitue la base de l’Économie, entendue dans son sens le plus large. Cela exige une restructuration de la Culture, à travers la Spiritualité OEcuménique et la Pédagogie de l’Affection dans les milieux populaires et comme matière d’étude universitaire ».