Lutter contre la violence à l'égard des femmes c'est favoriser leur autonomisation

De la rédaction

15/05/2015 à 11:25, Vendredi | Mis à jour le 22/09 à 16:07

La violence de genre est le fruit de relations entre hommes et femmes historiquement inégales, causant la subordination de la population féminine. Par conséquent, il faut pour l’éradiquer prendre des mesures qui assurent des chances égales d’emploi pour les femmes et les hommes, ainsi que des campagnes contre toute forme de discrimination et de violence.

Leilla Tonin

Selon les informations d’ONU Femmes, en Amérique latine, le Brésil, le Costa Rica, le Chili, le Salvador, le Guatemala, la Colombie et l’Argentine (encore en train d’être examiné au Sénat) disposent d’une législation qui prévoit des mesures spécifiques pour protéger les femmes dans les situations de violence de genre.

D’importantes stratégies s’allient dans la lutte contre ce fléau. L’initiative du gouvernement fédéral brésilien de créer le Secrétariat Spécial chargé de Politiques pour les femmes (SPM) en 2003, avec son Centre d’appels pour les femmes (Allo 180), et de sanctionner la Loi Maria da Penha (11.340/2006) représente un progrès pour le respect envers la femme. Des mesures comme celles-ci contribuent à l’identification des cas de violence et à faire en sorte que la punition pour les agressions contre femmes dans leur foyer et leur famille soit plus rigoureuse.

Aujourd’hui, selon le SPM, le Brésil compte 375 commissariats spécialisés pour les femmes, 115 centres d’accueil et 207 centres de référence, outre 72 foyers et 51 tribunaux spécialisés en violence conjugale et familiale (plus 42 sections judiciaires adaptées). L’enjeu aujourd’hui est en même temps d’étendre cette structure et d’améliorer la formation pour l’accueil des victimes.

D'autres voies pour résoudre

La Légion de la Bonne Volonté, une organisation de la société civile brésilienne, compte presque 70 unités socioéducatives partout au pays, où elle privilégie la qualité de l’accueil. Chaque jour, le travail solidaire de la LBV bénéficie à des milliers d’enfants, de jeunes et d’adultes en situation de risque social dans des dizaines de villes des cinq régions du pays.

Vivian R. Ferreira

« J’ai avancé dans la vie »
Juliana Reis*, 28 ans.

 

« Mon enfance s’est passée dans les champs. Je n’ai pas pu étudier, je travaillais. Lorsque j’ai eu 14 ans, ma mère est partie à Feira de Santana (Bahia). J’habitais avec ma tante qui m’a mise dehors. Puis j’ai rencontré le père de mon fils aîné. Ça n’a pas bien marché avec lui et je suis venue à Salvador pour la première fois. J’étais enceinte et je ne le savais pas.

 

« J’ai vécu un an dans la rue, sous une marquise, en dormant dans des journaux. J’ai décidé de retourner à Serrinha et j’ai dû demander de l’aide à ma famille. Je suis restée là une autre année, mais mon fils est tombé malade — il est cardiaque — et j’ai dû repartir à Salvador. À cette époque, j’étais de nouveau avec le père de mon enfant. Quand il a quitté l’hôpital, on est allé chez ma belle-mère, mais là encore cela n’a pas fonctionné et on s’est séparés. Je suis allée vivre avec les sans-abri.

 

« Après un certain temps, j’ai rencontré le père de mes deux enfants les plus jeunes, et nous sommes allés vivre chez sa mère. (...) Nous y avons vécu jusqu’à ce que ma fille ait 6 ans, mais mon mari a commencé à sentir des douleurs et lorsque nous avons découvert le cancer, il n’y avait plus rien à faire.

 

« J’ai passé deux mois à l’hôpital avec lui jusqu’à sa mort. Ça a été une situation encore pire pour moi. J’étais désespérée, sans savoir quoi faire. Je n’avais pas d’emploi, aucuns moyens. C’est à partir de ce moment-là que la Légion de la Bonne Volonté est entrée dans ma vie. C’est elle qui m’a aidé pour l’enterrement de mon mari. J’ai une immense gratitude, parce qu’à cette époque, je n’avais personne.

 

« Aujourd’hui, mes enfants vont à la LBV. Je sais qu’ils sont en lieu sûr, où il y a des gens compétents qui peuvent leur enseigner des choses qu’ils n’auraient pas apprises à la maison. Ici, ils ont à manger, Internet, des cours de chant, de la danse, le football.

 

«Dans l’Institution, ils ont connu le respect, l’amour et ils ont appris à partager. L’amour, le respect d’autrui, une chose que je n’ai jamais eu, ils l’ont à la LBV. Jusqu’à aujourd’hui, quand j’ai besoin, la LBV me trouve du riz, de la soupe, car avec ce que je gagne, ce n’est pas toujours assez pour acheter.

 

« Il y a beaucoup de gens qui ont bon cœur qui collaborent avec la LBV. Comme ça, ils aident la Légion de la Bonne Volonté à soutenir des gens qui en ont besoin, à nourrir un enfant qui n’a rien à manger à la maison, à donner une chance à la mère d’aller travailler pendant que son enfant est pris en charge. »

Leilla Tonin

Dans un environnement sûr et de qualité, l’Institution éduque et transmet les valeurs de la citoyenneté, ce qui favorise la récupération de l’estime de soi. Dans chacune de ses unités, les collaborateurs et les bénévoles reçoivent une formation professionnelle afin qu’ils puissent mieux accueillir ceux qui en ont besoin. Pour cela, chaque action mise en œuvre par la LBV, à travers ses programmes, ses campagnes et ses projets socioéducatifs, est guidée par la Pédagogie de la Bonne Volonté. Elle permet ainsi à l’individu de faire l’expérience de valeurs éthiques, spirituelles et œcuméniques, indispensables à la formation d’une Culture de Paix.

Collaborez pour étendre ce travail. Faites votre don en ligne, par le site www.legionofgoodwill.org. Pour d’autres informations écrivez à : francais@boavontade.com.

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* Juliana Reis est femme de ménage. Ses trois enfants sont inscrits dans le programme LBV — Enfant : le Futur au Présent !, au Centre communautaire d’assistance sociale de l’Institution à Salvador, Brésil.