La santé et l’environnement
En 2012, 7 millions de personnes ont péri à cause de la pollution, alerte l’OMS.
De la rédaction
30/05/2014 à 10:10, Vendredi | Mis à jour le 22/09 à 16:07
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) calcule qu’un décès sur huit dans le monde est provoqué par l’exposition à l’air pollué. Des données confirment que la mauvaise qualité de l’air a été le premier facteur environnemental de risques pour la santé, en 2012, près de 7 millions de personnes ont péri à cause de la pollution de l’air, deux fois plus que les estimations antérieures. Les maladies de cœur, les thromboses et les obstructions chroniques des poumons sont les principales conséquences de la pollution.
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Une meilleure connaissance de l´exposition à l´air pollué sur les humains et des technologies avancées servant à mesurer ces données donnent les bases de la nouvelle évaluation. Ces progrès permettent aux scientifiques d’analyser en détail les risques pour la santé, couvrant d'autres zones géographiques.
« Les risques de la pollution de l’air sont maintenant beaucoup plus élevés que ce que l’on imaginait en particulier en ce qui concerne les maladies coronaires et les accidents vasculaires cérébraux [AVC] », a déclaré Mme Maria Neira, directrice du Département de la santé publique, déterminants sociaux et environnementaux de la santé à l’OMS.
Dans les régions du Sud-est Asiatique et du Pacifique Occidental, un grand nombre de décès a été enregistré avec un total de 3,3 millions liés à la pollution de l’air intérieur – comme dans les maisons avec four à bois – et 2,6 millions de morts associés à la pollution de l’air extérieur. « Les femmes et les enfants pauvres paient un prix élevé à cause de la pollution de l’air intérieur car ils passent beaucoup de temps à la maison et respirent la suie des fourneaux à charbon et au bois », explique Flavia Bustreo, directrice-générale adjointe pour la santé des femmes et des enfants à l'OMS.
L’OMS souligne que réduire la pollution atmosphérique peut sauver des millions de vies. « Peu de facteurs de risque ont aujourd’hui un impact plus grand sur la santé mondiale que la pollution de l’air ; les évidences nous alertent qu´une action massive est nécessaire pour nettoyer l’air que nous respirons », a signalé Maria Neira.
Pour remédier à cette santé fragilisée, le médecin brésilien Paulo Saldiva préconise des investissements en aménagement urbain, transports en commun et assainissement de base, exigeant des autorités des actions intégrées entre les ministères et les secrétariats.
« Ce qu’il manque, c’est de créer un peu la société protectrice de l’homme. Cet être humain qui vit à la périphérie, qui a besoin de se réveiller tôt pour aller travailler, qui est bousculé dans des transports publics inadéquats, qui subit les conséquences des vagues de chaleur et d’une humidité faible ou quand il pleut, qui doit entrer dans des torrents d’eau pour sauver ses biens, ou quand il reçoit une grande dose de polluants », alerte-t-il.
Ainsi, pour le médecin Saldiva, après avoir fait un relevé des questions pertinentes au bien-être collectif, on peut réfléchir au type de ville que tous le monde souhaite. « Et je ne parle pas seulement de l’esthétique ; nous réagissons à notre environnement... s’il est bon, nous aurons une meilleure réaction. Cela concerne l’éthique, la dignité humaine, la promotion de la santé ».
Les bonnes initiatives en matière de transport
Les données obtenues dans les villes de Londres (Royaume-Uni) et New Delhi (Inde) indiquent une réduction de la sédentarité et de la concentration locale de polluants obtenue à partir de mesures visant à encourager la mobilité active, comme le cyclisme et la marche, et l’adoption de moteurs à faibles émissions de carbone (Woodcock, 2009). Dans le cas de la capitale britannique, on a estimé à un taux entre 10 % et 20 % la réduction de l’incidence de maladies cardiaques et d’ischémie cérébrale, une réduction de 12 % à 13 % pour le cancer du sein, 8 % pour la démence et 5 % pour la dépression. Dans la capitale indienne, les projections indiquent une diminution de 11 % à 25 % du signalement de maladies cardiaques et cérébrovasculaires et une réduction entre 6 % et 17 % des dépenses pour le diabète.
(Source : « Charte de recommandations en matière de santé, São Paulo, C40 2011 »).
Légende: Situation critique dans la ville de Pékin, capitale de la Chine. La densité de particules PM2,5, les plus dangereuses et susceptibles de s’infiltrer dans les poumons, a dépassé les 400 microgrammes par mètre cube, bien au dessus du maximum de 25 établi par l’OMS.