Le Brésil et l'importance de l'énergie efficace et propre

José Goldemberg

21/12/2015 à 13:15, Lundi | Mis à jour le 22/09 à 16:07

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Vivian R. Ferreira

José Goldermberg

Interview avec José Goldemberg, docteur en Sciences Physiques, professeur et président de la Fondation de Soutien à la Recherche de l’État de São Paulo (FAPESP), Brésil.

BONNE VOLONTÉ — Comment le changement climatique peut-il affecter la production d’énergie au Brésil ?

José Goldemberg — L’augmentation de la température de la Terre crée plus d’instabilités dans les facteurs qui déterminent le climat, ce qui fait qu’il y a des précipitations anormales à certains endroits. C’est pourquoi il y a eu des inondations extraordinaires, sans précédent, en Chine et dans certains pays d’Europe de l’Est, et à d’autres endroits ce sont des sécheresses extraordinaires, comme celle que nous traversons au Brésil. (...) S’il y a moins de pluie, les réservoirs ne sont pas remplis et certaines de ces centrales hydroélectriques cessent de fonctionner. Tel est le cas de l’État de São Paulo. La centrale hydroélectrique Porto Primavera a presque cessé de produire de l’électricité et plusieurs autres réservoirs dans la région sud-est sont dans cette situation. Environ 25% de l’électricité qui est utilisée aujourd’hui au Brésil ne provient plus de centrales hydroélectriques, mais de centrales qui brûlent des produits dérivés du pétrole.

« (...) le progrès basé sur l’utilisation du charbon et du pétrole entraîne des problèmes de pollution. Les dépenses de santé augmentent extraordinairement (…) à cause de ce modèle de développement. C’est pour cela que la Chine se tourne maintenant vers les énergies renouvelables »

BV — Quels sont les secteurs qui doivent repenser leurs stratégies ?

José Goldemberg — Le principal est celui de la production d’énergie, des centrales hydroélectriques, pour éviter qu’elles ne soient remplacées par des centrales thermiques à combustibles fossiles. L’autre est celui des transports. Environ 40% des émissions brésiliennes en proviennent. Nous avons besoin d’introduire des normes d’émissions, car les véhicules brésiliens émettent plus que ceux utilisés à l’étranger. Dans le cas de l’industrie, il faut prendre des mesures pour la moderniser, produire plus en utilisant moins d’énergie, et encourager l’utilisation des énergies renouvelables telles que l’éolien, le solaire et la biomasse.

BV — Des grandes rencontres mondiales, comme la COP21, sont-elles un lieu pour que les pays repensent leurs économies d’une manière durable ?

José Goldemberg — Oui, certainement. Bien sûr, pour les pays riches, il est facile de le dire, car ils utilisent l’énergie en quantités immenses, et économiser un peu ne fera pas une grande différence. Mais il y a des exemples comme la Chine, dont la croissance est de 7% par an et qui a compris que le progrès basé sur l’utilisation du charbon et du pétrole entraîne des problèmes de pollution. Les dépenses de santé augmentent extraordinairement là-bas à cause de ce modèle de développement. C’est pour cela que la Chine se tourne maintenant vers les énergies renouvelables. Par le passé, le Brésil l’a montré avec le développement des centrales hydroélectriques. Nous étions un exemple pour le monde, avec plus de 80% de nos sources d’énergie propres et renouvelables. Nous avons perdu ce rôle du fait des pertes électriques et de la sécheresse. Nous devons le récupérer. 

Cet article est extrait de la revue BONNE VOLONTÉ Développement durable — Paris (décembre/2015). Téléchargez gratuitement PDF ou l'app de la revue, disponible sur iOS et Android.