La voix du jeune : le Sida sans préjugé
Jéssica Botelho
29/11/2013 à 15:00, Vendredi | Mis à jour le 22/09 à 16:07
Que feriez-vous en découvrant que quelqu’un de votre famille est porteur du HIV ? Vous éloigneriez-vous de lui ou l’aideriez-vous ? Réagiriez-vous avec préjugés ? L’équipe du Portail Bonne Volonté a été jusqu’à l’Institut d’Éducation José de Paiva Netto, à São Paulo (Brésil), demander aux élèves du Lycée ce qu’ils pensent sur le sujet.
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Alors que par beaucoup le thème est encore tabou, parler du VIH n’est pas un problème pour ces jeunes. Et ce, parce que, dans toutes les écoles de la Légion de la Bonne Volonté (LBV), leur méthodologie propre inclue l’enseignement Questions actuelles en débat*, où les jeunes développent des recherches et des débats autour du sujet (ce qu’il est, comment est-il transmis, comment le traiter et, évidemment, la prévention), sans honte ou crainte de s’informer, ils arrivent à des conclusions intéressantes.
Souvent, les personnes excluent le porteur du VIH par manque de connaissances, et, à partir de là, naît le préjugé. « Il existe des mythes au sujet de la contamination qui doivent être rompus. Beaucoup de personnes discriminent les personnes atteintes du Sida justement par complet manque de connaissances sur la maladie », commente Sabrina Caetano, âgée de 17 ans.
Selon l’opinion de Priscila Mendes, 17 ans, le préjugé souffert par le porteur du VIH est grave et « peut venir de sa propre famille qui, de même que la société, peut, très souvent, le juger au lieu de l’accueillir et le comprendre ». Cette posture a pour résultat « l’abandon qui affecte encore plus le porteur du virus. C’est à ce moment qu’il a le plus besoin d’appui et de solidarité », complète Rene Clemente, 17 ans.
Même pendant le traitement, la personne porteuse du VIH peut et doit vivre normalement, sans abandonner sa vie affective et sociale. Elle a également le droit de travailler, flirter, se promener, se divertir et se faire des amis. C’est ce que ratifie Amy de Souza, 17 ans : « Le porteur du virus peut fréquenter les autres personnes, la société. S’il touche ou simplement se communique avec quelqu’un d’autre, il ne transmettra pas la maladie ».
L’élève Matheus Araújo, 18 ans, rappelle qu’il existe des maladies qui tuent beaucoup plus que le Sida — comme, par exemple, le diabète, qui, au Brésil, tue quatre fois plus, d’après le Ministère de la Santé — et, il en existe d’autres qui peuvent être encore plus contagieuses, transmises dans l’air, comme c’est le cas de la grippe. Toutefois, le préjugé contre les porteurs du VIH est devenu très agressif. « Pendant le cours, le professeur a montré une vidéo qui simulait qu’un siège du métro était destiné exclusivement aux porteurs de VIH, et plusieurs personnes passaient et ne s’asseyaient pas. Cela montre l’ignorance des personnes, car une personne grippée est plus dangereuse pour les autres, dans cette situation, qu’un porteur de VIH », donne comme exemple l’éduquant.
D’après le rapport du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), les porteurs du VIH vivent plus et les décès liés à la maladie diminuent, à cause de l’efficacité de la thérapie antirétrovirale. Il faut commémorer les progrès de l’accès au traitement, mais nous ne pouvons pas oublier que plus de 35 millions de personnes dans le monde vivent encore avec le VIH. Et les nouvelles générations ont besoin de cette connaissance : « L’enseignement Actualité en débat est un espace de réflexion sur nos attitudes et de formation d’un futur meilleur pour nous et pour les nouvelles générations. Les jeunes peuvent parcourir des faux chemins mais qui pourraient être évités s’ils avaient un espace comme celui-ci, pour faire attention et pour dialoguer sans préjugés », défend Priscila Mendes.
Pour Carolina Santos, 18 ans, « les cours de ce genre devraient, par loi, être inclus dans les écoles, car il manque informations, intérêt et empathie. Sinon, l’ignorance et les préjugés augmentent chaque jour plus ». Et, Marcus Vinicius Scolari, 17 ans, complète : « La discrimination, non seulement contre les porteurs du VIH, mais contre n’importe quoi, que ce soit religion, option sexuelle, ethnie, situation socioéconomique, ne devrait pas exister, car nous sommes tous des être humains, avec nos qualités et nos défauts. Nous devons respecter toutes ces différences ».
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*L’enseignement "Questions actuelles en débat" — La discipline Questions actuelles en débat, créée par l’éducateur Paiva Netto, invite les élèves à des activités de recherche et de discussion de sujets importants du quotidien. Elle est appliquée dans les réseaux d’enseignement de la Légion de la Bonne Volonté.