L’égalité entre les sexes à partir de l’école

Suelí Periotto

06/03/2015 à 0:06, Vendredi | Mis à jour le 22/09 à 16:07

Avec une ligne pédagogique formant « le Cerveau et le Coeur », la LBV travaille pour l’autonomisation des femmes.

Vivian R. Ferreira

Superviseur de la Pédagogie de l’Affection et de la Pédagogie du Citoyen Œcuménique. Doctorante en sciences de l’éducation à la PUC-SP, elle est aussi conférencière et présentatrice de l’émission Éducation en débat, du Super Réseau Radiophonique Bonne Volonté.

Il y a 66 ans que la Légion de la Bonne Volonté s’efforce de fournir une éducation de qualité aux enfants, adolescents, jeunes, adultes et personnes âgées en situation de vulnérabilité sociale. Ses actions socioéducatives ont provoqué des changements significatifs dans les conditions de vie des personnes en situation de pauvreté, en particulier les femmes et les jeunes filles qui constituent la grande majorité du public accueilli par l’Institution. Ce sont elles les plus présentes dans les cours de formation professionnelle, les conférences éducatives sur la santé, la sexualité, l’entrepreneuriat et autres sujets de l’actualité liés à la vie quotidienne de la famille. 

Si les cours offerts par l’Organisation représentent un changement positif dans la situation financière de ces femmes (souvent responsables de la subsistance de la maison), la force de l’impact sur leur vie peut être plus amplement établie quand elles entrent dès l’enfance dans les écoles du réseau d’enseignement de la LBV et reçoivent une éducation de qualité associée à des valeurs spirituelles, éthiques et oecuméniques, une proposition qui guide la Pédagogie de l’Affection (destinée aux enfants jusqu’à 10 ans) et la Pédagogie du Citoyen OEcuménique (à partir de l’âge de 11 ans). 

Cette ligne éducative, créée par le dirigeant des Institutions de la Bonne Volonté, l’éducateur José de Paiva Netto, établit un programme différencié promouvant un épanouissement intellectuel conjointement à la Spiritualité OEcuménique1, alliant ainsi le raisonnement et le sentiment dans la pratique des cours et des activités. Mêler le contenu éducatif aux faits de la vie quotidienne et ouvrir des discussions qui renforcent une posture assertive de confrontation en cas de harcèlement, de préjugés et d’autres situations discriminatoires, sont les stratégies utilisées par les enseignants avec les élèves qui fréquentent les unités d’enseignement de la LBV.

Vivian R. Ferreira

    


 

Pratique dans les écoles

On discute sans cesse de l’égalité entre les sexes dans les écoles de l’Institution, durant des activités où l’on débat et l’on explique aux élèves quels sont leurs droits qui doivent être connus surtout par les filles. Au quotidien, cela peut se produire de nombreuses manières. L’une des plus fréquentes est la recherche sur des sujets variés. Avec ces informations collectées, ils provoquent des échanges d’idées qui, avec la médiation des éducateurs, fonctionnent comme de vrais moments de formation personnelle et d’appropriation des connaissances, en préparant les élèves à réagir positivement dans des situations qui peuvent survenir dans la réalité de leur propre vie. 

L’un des bons exemples de l’applicabilité de cette proposition est la bonne relation qui s’établit entre filles et garçons. Les élèves ont l’habitude de partager leurs recherches (comme la Loi Maria da Penha2 et d’autres sujets sur la défense des femmes) ; s’emparent ainsi du sujet et incorporent une posture protectrice envers les filles, établissant un environnement de respect et de dignité nécessaires et importants pour une bonne cohabitation dans la societé et, pour cela, devant être cultivés à l’intérieur et à l’extérieur de la classe, et même vis-à-vis de leurs futures compagnes. Ces discussions intensifient chez les arçons la perception du rôle de protecteur qu’ils doivent jouer devant leur mère et leurs soeurs et celui de transmettre les mesures à prendre en cas de violence domestique, viol, discrimination ou toute autre forme de traitement irrespectueux qui rabaissent le sexe féminin. 

+ Maria da Penha : un exemple de courage et de persévérance

Ainsi, il revient à l’école d’indiquer les voies intellectuelles de la collecte de l’information, sans pour autant négliger la formation indispensable des élèves. Sans les connaissances intellectuelles et la connaissance de soi fondées sur les droits légaux et légitimes, le changement et l’autonomisation que l’on attend pour les deux sexes, victimes de situations adverses, ne seront pas atteints. 

Les concepts pédagogiques indiqués par la proposition de la LBV nous invitent à réfléchir sur l’incitation au renforcement intérieur des élèves, résultant d’une base solide qui leur soit offerte en milieu scolaire (et en milieu familial). C’est de l’intérieur de chacun que viendra la force nécessaire à un positionnement critique et proactif face aux situations qui les menacent. Ce n’est pas par hasard que la méthodologie propre des écoles de l’Organisation, la MAPREI (Méthode d’Apprentissage par la Recherche Rationnelle, Émotionnelle et Intuitive), encourage à parler et fournit des occasions d’aborder n’importe quel thème avec la médiation des éducateurs en salle de classe.

André Fernandes
« Tous ceux qui ont médité sur l’art de gouverner le genre humain ont été convaincus que le sort des empires dépend de l’éducation de la jeunesse. »


Dans son livre É Urgente Reeducar! [Il est Urgent de Rééduquer !], l’éducateur Paiva Netto écrit sur ce travail, affirmant que « (...) ce que propose la LBV est un vaste programme de Rééducation. Et c’est ce que nous avons réalisé dans la limite de nos moyens, en essayant d’intéresser de nombreux idéalistes qui, comme nous, ne croient pas en la fatalité de destins toujours condamnés à la misère, pour des questions sociales, politiques, religieuses, ethniques... ». On ne donnera pas d’autonomie à un élève en lui indiquant seulement les voies de l’intellectualité. Chaque individu possède son intégralité et il faut équilibrer sa formation rationnelle avec un coeur empreint de bons sentiments (comme le préconise le créateur de cette proposition pédagogique), qui l’amène au souhait de vivre dans un monde plus juste, ne permettant pas, ni pour lui, ni pour les autres, que l’ignorance soit un obstacle aux possibilités de transformation si nécessaires pour les générations qui se préparent à travers leurs études à occuper une fonction active dans la société. 

La campagne lancée à l’occasion du 20e anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, réalisée par l’ONU Femmes, Beijing+20 : « Autonomisation des femmes, autonomisation de l’humanité : Imaginez ! », invite les segments de la société à renforcer l’engagement pour la défense et la formation des filles et des femmes du monde entier. Rendues plus fortes en milieu scolaire par des informations sur les voies légales à suivre en cas de mauvais traitements et/ou d’abus divers, elles peuvent rêver à un avenir meilleur et, plus que cela, elles sont en mesure de déterminer cet avenir, en se sentant plus protégées grâce à une éducation qui leur  permet de sortir du cycle de la pauvreté, dont beaucoup ne peuvent pas se libérer par manque de formation scolaire. Donner les moyens aux filles, par des études et des formations professionnelles, de prendre la parole dans les médias et d’intervenir dans des questions telles que l’environnement et l’économie, ouvre des perspectives favorables de pratique des droits de l’homme. Cela leur permet aussi de trouver le chemin menant au pouvoir et à un leadership politique et/ou professionnel.
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1Spiritualité Œcuménique — Cet étendard de la Légion de la Bonne Volonté est présent dans toutes ses actions socioéducatives, car elle est perçue comme « le berceau des valeurs les plus généreuses qui naissent de l’Âme, la demeure des émotions et du raisonnement éclairé par l’intuition, l’environnement qui englobe tout ce qui transcende le domaine trivial de la matière et vient de la sensibilité humaine sublimée, comme la Vérité, la Justice, la Miséricorde, l’Éthique, l’Honnêteté, la Générosité, l’Amour Fraternel ». Extrait du livre Il est Urgent de Rééduquer !, sur lequel est fondé la ligne éducative de la LBV, écrit par l'éducateur Paiva Netto, auteur de nombreux best-sellers. 

2Baptisée loi Maria da Penha, en hommage à la biochimiste pharmacienne Maria da Penha Maia Fernandes, dont l’histoire a inspiré la nouvelle législation brésilienne, la loi 11.340, promulguée le 7 août 2006, crée des mécanismes plus stricts pour limiter et prévenir la violence contre les femmes et introduit des changements dans le Code pénal et la loi d’exécution des peines.