Former des citoyens planétaires

Vivian R. Ferreira

La proposition pédagogique créée par le président de la Légion de la Bonne Volonté, l’éducateur José de Paiva Netto, se compose de la Pédagogie de l’Affection (destinée aux enfants de moins de 10 ans) et de la Pédagogie du Citoyen Œcuménique (à partir de 11 ans). Son concept renvoie à une éducation qui imprègne de valeurs éthiques, œcuméniques et spirituelles le contenu pédagogique de tous les programmes d’enseignement.

La pratique d’un programme différencié, proposé par le créateur de cette pédagogie il y a des décennies, a été développée par les professeurs du réseau d’enseignement de la LBV : la MAPREI (Méthode d’Apprentissage par la Recherche Rationnelle, Émotionnelle et Intuitive), une méthode qui propose six étapes d’action dans toutes les matières de l’éducation de base. Il s’agit d’un outil pédagogique de facilitation dont le but est d’assurer la participation effective des enfants et des jeunes pendant les cours, en tant que coparticipants de l’apprentissage lui-même, avec la médiation attentive des éducateurs et autres professionnels pendant les activités d’éducation formelle ou ludo-éducatives.

Dans cette méthode, l’apprenant n’est pas dans la position comme un simple auditeur. Tout au long de leur parcours scolaire, les enfants et les jeunes sont poussés par les éducateurs à chercher, discuter et engendrer des actions efficaces qui peuvent apporter des changements positifs à la société dans laquelle ils sont insérés.

Du fait que nos élèves vivent dans des situations de vulnérabilité sociale, on les incite à participer à des projets pour améliorer la structure de la région où ils résident et desquels viennent des propositions pour trouver des issues à des questions représentant un défi dans leur communauté, en bénéficiant aussi leurs familles. Cela est plus évident dans les dernières années de l’éducation de base, quand le jeune se prépare à franchir un pas important dans la suite de son parcours scolaire pour entrer dans l’enseignement supérieur. C’est à ce moment-là que l’on perçoit le résultat de l’enseignement reçu à l’Institution, dès les plus jeune âge, basé sur les valeurs de la Spiritualité Œcuménique pour une formation intégrale.

Les connaissances participatives au cours de ces années le préparent, par exemple, à faire face aux questions relatives à l’addiction aux drogues. Selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), les drogues illégales tuent plus de 500 personnes par jour dans le monde entier (hommes, femmes et enfants). Ces chiffres se trouvent dans le Rapport mondial sur les drogues 2013 publié par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et montrent la gravité du problème.

Connaissances et esprit critique

Dans ce cas particulier, notre expérience a montré que se limiter aux interventions extérieures, comme des conférences et des cours magistraux, n’est pas suffisant pour atteindre fortement la conscience et former l’esprit critique d’un jeune. Il faut prendre part à la construction de son propre mécanisme de défense. Nous allons démontrer dans cet article comment la MAPREI place l’élève face à des appels communément faits aux jeunes, souvent issus de liens d’amitiés avec d’anciens camarades qui sont parfois capables de l’influencer et, par exemple, l’amener à suivre le chemin dangereux de la drogue.

Afin de mieux illustrer la question, nous examinerons la matière « Questions actuelles en débat », créée par le fondateur de l’Ensemble Éducatif Bonne Volonté, qui discute des questions liées à la sexualité (en unissant sentiments et responsabilités) et aux questions actuelles.

La MAPREI pas à pas

Le plan de cours que nous allons partager s’adressait aux élèves en troisième année d’études secondaire, au premier trimestre de cette année.

1^e étape : mobilisation, identification du contenu ou domaine thématique — nous avons relaté l’histoire d’un inventeur qui voulait faire pleuvoir et qui avait réussi. Dans les débats avec les élèves, la question était : « Où voulez- vous faire pleuvoir dans votre vie ? », et chacun a écrit sur un papier ses objectifs pour les prochaines années ;

2^e étape : recherche individuelle des connaissances — une recherche sur le thème « Les drogues et leurs conséquences : l’impuissance sexuelle et la stérilité » a été lancée. Les élèves pouvaient recourir à des magazines, des journaux, des sites web ou des documentaires médicaux, pour en extraire les points qu’ils jugeaient les plus pertinents à présenter en salle de classe ;

3^e étape : socialisation des connaissances — les apprenants ont partagé avec leurs camarades de classe le contenu rassemblé dans leurs recherches ;

4^e étape : conclusion — on leur a demandé de préparer un exposé en groupe à leurs camarades plus jeunes, en donnant un aperçu des informations recherchées, clarifiant les effets des substances licites (alcool et tabac) et illicites (drogues diverses) dans l’organisme masculin et féminin, pouvant même provoquer la stérilité et l’impuissance, empêchant la constitution de la famille pour la continuité de leurs histoires ;

5^e étape : présentation des résultats — le moment où les élèves plus âgés (environ 17 ans) ont pu partager leurs recherches avec les plus jeunes (entre 11 et 13 ans). C’est une étape marquante parce que les résultats de la MAPREI sont les plus visibles et on peut noter clairement l’acquisition des connaissances obtenues lors de la recherche et de la discussion du sujet, avec la médiation de l’éducateur. Le travail des élèves de troisième année a été tellement significatif qu’ils ont été invités à participer à une édition spéciale de l’émission Le sujet est Jésus, diffusée par Bonne Volonté TV (canal 20 du bouquet de télévision SKY). Les élèves y ont raconté pas à pas les étapes du travail réalisé (ce qui leur a causé une grane joie en découvrant la vie en commun avec des élèves plus jeunes), et ils ont rapporté les résultats de leurs recherches et leurs conclusions individuelles. Pendant cette étape de la MAPREI, des affiches, dessins animés et autres représentations artistiques sur le thème, créés par les élèves, ont été aussi présentés lors de la réunion des parents d’élèves de l’enseignement secondaire à la fin du trimestre. Ceci a pu rassurer les familles qui ont vu le développement de leurs enfants et leur connaissance du sujet, ce qui leur permet de rester à distance des substances qui causent tant de mal aux enfants et jeunes ;

6^e étape : conclusion individuelle — clôturant le trimestre, les jeunes ont fait des évaluations et ont débattu sur le sujet, en concluant individuellement sur ce que la proposition de cette recherche sur les drogues avait ajouté à leur vie. Participation et dialogue pour un véritable apprentissage.

Toutes les étapes citées ont été pensées pour faire de la MAPREI non seulement un transfert d’informations, mais aussi pour permettre aux élèves de s’exprimer sur des thématiques, en les impliquant dans les processus pédagogiques. Ce qui marque la différence et fait l’atout de la mise en œuvre de cette conception éducative novatrice c’est qu’elle allie « le cerveau et le cœur », proposé par Paiva Netto, car il est essentiel d’investir dans la formation de l’intellect sans oublier que nous sommes tous des êtres d’intellect et d’âme, ayant besoin de réconfort spirituel — ce qui revient à dire, reprenant les mots du dirigeant de la LBV, qu’il faut avoir « une vision qui va au-delà de l’intellect ».

Les professeurs des écoles de la Légion de la Bonne Volonté développent avec les élèves des recherches et des débats sur les thèmes qui font partie du contenu des programmes de Spiritualité Œcuménique, qui imprègne les programmes d’enseignement, en conformité avec la proposition pédagogique de l’Institution, intégrant la formation (sentiments) à l’information nécessaire (intellect), afin de développer l’esprit-biopsychosocial des apprenants. Le plus important est que ce sont des actions de grand impact et reproductibles, ce qui rend le processus d’apprentissage encore plus enrichissant et participatif et apporte de bons résultats à la société.
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*Suelí Periotto est superviseur de la Pédagogie de la Bonne Volonté(composée par la Pédagogie de l’Affection et la Pédagogie du Citoyen Œcuménique) et directrice de l’Institut d’Éducation José de Paiva Netto, à São Paulo/SP, Brésil. Elle a obtenu un diplôme de master et est doctorante en sciences de l’éducation à la PUC-SP. Elle est aussi conférencière et présentatrice de l’émission Éducation en débat, du Super Réseau Radiophonique Bonne Volonté