Éducation et Citoyenneté Pleine dans l’agenda mondial

La déclaration de la LBV pour le Débat de haut niveau de l’ECOSOC/ONU suggère des voies pour le développement durable

De la rédaction

25/06/2014 à 14:40, Mercredi | Mis à jour le 22/09 à 16:07

Cette déclaration présente les propositions de la Légion de la Bonne Volonté (LBV) sur le thème du Débat de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) en 2014 : « Les moyens de répondre aux défis persistants et émergeants pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015 et faire des avancées en matière de développement durable à l’avenir ». La LBV place l’éducation au cœur du programme de développement mondial et souligne ses liens avec la santé, les questions de genre, l’inclusion productive, la durabilité et le maillage social.

Leilla Tonin

Ces recommandations sont le résultat de plus de six décennies de travail menées par la LBV et des débats tenus lors de la série d’événements organisés par l’Institution du 20 au 29 novembre 2013, en Argentine, en Bolivie (État plurinational de), au Paraguay et en Uruguay, dans le cadre du 10e Forum Intersectoriel Réseau Société Solidaire. Les rencontres ont reçu le soutien du Département des affaires économiques et sociales (DAES/ONU) et ont vu la participation de représentants de plusieurs entités du système des Nations Unies (UNIC, UNESCO, UNICEF et Pacte mondial).

LES DOMAINES D’ACTION DE LA LBV

L’Institution maintient des basesautonomes dans les quatre pays cités, aux États-Unis et au Portugal, en plus de ses 77 unités d’accueil au Brésil. Elle a été fondée le 1er janvier 1950 (Jour de la Fraternisation universelle) dans la ville de Rio de Janeiro, au Brésil, par le journaliste, homme de radio et activiste social Alziro Zarur (1914-1979), auquel a succédé à la présidence de la LBV, José de Paiva Netto, journaliste, homme de radio et écrivain. La LBV agit par l’intermédiaire de Centres communautaires d’assistance sociale, d’écoles, d’abris pour les personnes âgées, de campagnes et de mesures d’urgence. En 2013, plus de 277 000 personnes ont été touchées par son travail social transformateur dans tous les pays où elle possède des bases autonomes.

Entre les années 2000 (année de lancement des objectifs du Millénaire pour le développement) et 2013, au Brésil seulement, 90 millions de personnes en situation de vulnérabilité ou risque social ont bénéficié des services ou de l’accueil de l’organisation, un investissement qui a pu se faire grâce aux dons des particuliers.

En parallèle, l’Organisation s’est également engagée dans des actions de plaidoyer en participant à des conseils pour la protection des droits des citoyens, conseils qui permettent à la société civile de maintenir le dialogue avec les administrateurs publics.

Sur le plan international, elle s’est associée au Département de l’information (DPI) des Nations Unies depuis plus de deux décennies et a un statut consultatif général à l’ECOSOC il y a 15 ans, depuis 1999.

La communication occupe une place importante dans le travail de la Légion de la Bonne Volonté dès son origine, puisqu’elle existait déjà comme idée et mouvement œcuménique dans l’émission radiophonique L’Heure de la Bonne Volonté, qui avait commencé quelques mois auparavant (le 4 mars 1949), sur la Radio Globo de Rio de Janeiro/RJ. Ainsi, la LBV utilise aujourd’hui un vaste réseau de radio, télévision, presse écrite et Internet pour défendre de causes sociales et environnementales et pour promouvoir l’éducation, la culture, le développement social et les valeurs de la citoyenneté. Après avoir formé des centaines de professionnels de la communication en leur inculquant cette vision unique, l’Organisation se prépare actuellement à ouvrir à São Paulo, au Brésil, une école technique de l’audiovisuel.

L’ÉDUCATION ET LES ODD

L’Organisation s’est engagée à défendre une éducation de qualité. Alors que les États définissent leurs priorités communes en matière d’éducation pour les prochaines années (dans le cadre des objectifs de développement durable), la Légion de la Bonne Volonté juge nécessaire d’ajouter aux indicateurs de progrès actuels des mécanismes permettant d’évaluer non seulement les compétences en langues et en sciences exactes, mais aussi le nombre de cas d’intolérance et de violence, les comportements malsains (y compris la consommation de drogues légales et illégales), la participation solidaire et démocratique, le bien-être subjectif et l’adhésion à des comportements écologiques.

Ce sont là quelques-unes des statistiques dont l’amélioration est viable quand on renforce l’approche préventive des politiques publiques, en particulier celles dans le domaine de l’éducation. La Légion de la Bonne Volonté utilise diverses stratégies pour encourager systématiquement la réflexion avec les élèves, comme des forums infanto- juvéniles, des concours culturels et des ateliers de débat et de production artistique. Développés au cours de l’année à travers des activités socio-éducatives, les forums comportent des rencontres spéciales ouvertes à la communauté, où les enfants et les jeunes sont les principaux acteurs, y compris dans la conduite des événements.

Un autre domaine d’action concerne la sécurité infanto-juvénile. Parce que 60 % des personnes accueillies par la LBV à travers ses programmes socio-éducatifs sont des enfants et des adolescents issus de familles à bas revenus, l’Institution est engagée dans des initiatives intersectorielles visant à protéger les publics vulnérables à l’exploitation et la traite des êtres humains.

Vivian R. Ferreira

Ses écoles accueillent les enfants en journée complète, dès l’âge de 4 mois, pour que leur mère puisse travailler et compléter le revenu familial. Les Gouvernements des pays dans lesquels la LBV est implantée ont suivi cette voie et ont tout mis en œuvre pour qu’un maximum d’enfants du système public puissent également bénéficier de cet avantage.

La LBV cible les familles les plus pauvres en cherchant à compenser les désavantages sociaux qui atteignent leurs enfants. Les enfants et les familles qui bénéficient de l’aide (la mère uniquement, en général) sont donc suivis par une équipe multidisciplinaire, composée de travailleurs sociaux, de psychologues, de nutritionnistes et d’éducateurs. Leurs communautés sont intégrées dans des programmes et des projets d’inclusion sociale qui contribuent au développement durable. Afin de répondre à la demande en matière d’alimentation, d’éducation, de revenu, de santé et d’environnement, ce travail s’aligne sur les activités menées par les organismes publics, les autres organisations et les partenaires professionnels.

Cette attention intégrale donnée à l’individu a permis d’obtenir des résultats expressifs, comme un indice nul de décrochage scolaire, un environnement où l’on encourage une Culture de la Paix, et un rendement scolaire supérieur à la moyenne nationale. Cela démontre que la création d’espaces de réflexion et d’expérience de la citoyenneté et des valeurs œcuméniques, c’est-à-dire, universelles, collaborent pour améliorer les résultats scolaires des élèves.

Dans le domaine de la santé, par exemple, l’Institution développe depuis plus de deux décennies la campagne éducative Ne vous droguez pas. Vivre c’est mieux ! Des efforts dans ce sens sont extrêmement nécessaires. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 14 % de la charge mondiale de morbidité est attribuée aux troubles mentaux, neurologiques et à l’utilisation de substances psychoactives. Le coût élevé du traitement de ces maladies, auquel seule une minorité a accès, peut être considérablement réduit dans le cas de la consommation de drogues ou de médicaments non prescrits. Les données du Rapport annuel 2013 de l’Organe international de contrôle des stupéfiants montrent que chaque dollar investi dans la prévention permet d’économiser jusqu’à dix dollars en dépenses ultérieures pour les gouvernements.

La LBV a systématisé son expérience éducative par l’intermédiaire de la Pédagogie de l’Affection (destinée aux enfants de moins de 10 ans) et de la Pédagogie du Citoyen Œcumenique (à partir de 11 ans) qui font partie de la ligne pédagogique créée par l’éducateur Paiva Netto. Sa méthodologie de travail intégrée — la Méthode d’Apprentissage par la Recherche Rationnelle, Émotionnelle et Intuitive (MAPREI) — et ses programmes structurés qui tiennent compte des paramètres de chaque pays font de plus en plus souvent l’objet d’études scientifiques et donnent lieu à des formations destinées aux enseignants du public et du privé dans de nombreux pays.

Lors de l’inauguration du Centre Éducatif de la LBV, à Rio de Janeiro en 1996, dans un discours prononcé à plus de cent mille personnes, le président de la LBV, José de Paiva Netto, a déclaré :

« (...) On se plaint que les enfants et les jeunes des rues volent, tuent, s’introduisent illégalement dans les maisons, ennuient les autres enfants et les autres jeunes qui ont les moyens de vivre confortablement. Cependant ils ne font que rendre ce qu’on leurs offre. Si on leur donne des immondices, comment vont-ils rétribuer ? Alors pourquoi se plaindre ? (...) Cette question de l’enfance et de la jeunesse des rues mérite une sérieuse réflexion, pour que des mesures adéquates soient prises. »

FORUM INTERSECTORIEL

Le 10e Forum Intersectoriel Réseau Société Solidaire a réuni des représentants gouvernementaux, des entreprises, des organisations de la société civile, des institutions universitaires et des citoyens ordinaires dans quatre pays d’Amérique du Sud. Les réunions ont eu lieu autour du thème « Les chemins de l’avenir pour l’Éducation — l’enseignement dans l’agenda mondial de développement pour l’après-2015 ». Le Forum a adopté une approche universelle, mais n’a pas manqué de souligner les inégalités et les différences culturelles dans chaque région. Le forum fait partie d’un processus continu d’articulation entre des organisations de la société civile, des organismes publics et des entreprises, et il est réalisé par la LBV dans le but d’améliorer les résultats d’actions sociales transformatrices. Afin de renforcer le réseau dans différentes villes, l’Institution organise en partenariat avec d’autres organisations des réunions de formation avec des acteurs sociaux, en particulier les leaders communautaires, en contribuant ainsi à développer une action plus qualifiée, en harmonie avec les politiques publiques et les engagements internationaux de chaque pays dans le domaine des droits de l’homme.

L'édition paraguayenne du 10e Forum Intersectoriel Réseau Société Solidaire, de la LBV.

Voici certaines recommandations et bonnes pratiques formulées par le Forum intersectoriel :

— Établir un lien entre le processus éducatif et les programmes de développement durable au niveau local, régional et national, et mettre en œuvre des politiques qui intègrent les jeunes dans les processus politiques décisionnels.

— Préparer, dans les universités, des programmes de responsabilité sociale basés sur des expériences réussies et intégrer dans les cursus des stages obligatoires en milieu social ou communautaire.

— Reformuler les programmes éducatifs et former les enseignants pour favoriser un plus grand rôle des étudiants.

— Mettre en place dans les écoles d’éducation de base des programmes destinés à aider les parents, les enseignants et les adultes qui s’occupent d’enfants à aborder la question de la consommation responsable en leur fournissant les outils nécessaires pour échanger avec des enfants de différents âges et milieux sociaux.

— Créer de nouveaux indicateurs mondiaux pour évaluer les politiques éducatives en termes d’égalité des sexes, car, malgré les progrès accomplis dans l’éducation des filles, il subsiste des inégalités néfastes, la principale étant la discrimination à l’égard de certains groupes ethniques.

— Formuler, dans les pays anciennement colonisés, des politiques d’action positive pour inclure les langues autochtones dans les programmes d’enseignement.

— Créer, dans le cadre des Nations Unies, un Conseil œcuménique consultatif sur la spiritualité, qui interagisse avec les gouvernements locaux et les organisations internationales, reconnaissant la spiritualité comme un droit constitutif de la dignité humaine. Introduire cette thématique à tous les niveaux de l’éducation et encourager sa diffusion dans les moyens de communication de masse.

ŒCUMÉNISME

La cause œcuménique est défendue par la Légion de la Bonne Volonté comme une voie pour promouvoir la Culture de la Paix et de la tolérance ethnique et religieuse. Ce concept « qui transcende de loin l’aspect religieux », préconise « la réconciliation universelle de toute la connaissance humaine et spirituelle, dans une force puissante au service des peuples », comme le définit Paiva Netto.

CONCLUSION

La Légion de la Bonne Volonté est prête à collaborer avec pays et organisations pour élargir les activités présentées ci-dessus et reproduire ses technologies sociales.

L’organisation est convaincue que l’investissement dans l’éducation est la technologie sociale la plus efficace. Conformément à la thèse défendue depuis des décennies par l’éducateur Paiva Netto, « quand nous luttons en faveur de la durabilité, que celle-ci soit comprise dans son sens le plus profond et pas seulement dans la perspective d’une pensée économique qui survit à travers la cupidité, en liquidant non seulement les êtres humains en raison du chômage, de la faim dans plusieurs régions de la planète, mais aussi à travers le manque d’instruction qui nie de meilleures perspectives pour la jeunesse. Cependant, il existe partout des efforts de gens décidés à corriger cette situation, qui entrave la croissance de nombreux pays. Et il ne suffit pas d’instruire, il faut éduquer, rééduquer ! Dans de nombreux endroits où l’économie est devenue plus forte, après un certain temps, en raison du manque d’investissement dans les principes éthiques et spirituels, la violence, qui avait diminué, refait surface, issue souvent de l’arrogance envers ceux qui ont moins à l’intérieur de leurs frontières ou hors d’elles. Ici, on atteint les relations internationales. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas eu d’éducation, bien plus encore, de rééducation, qui est l’Éducation fondée sur la Spiritualité Œcuménique ».